Une turbulence est une agitation désordonnée, bruyante. Frénésie. Fureur. Insolence. Tourbillons dans un fluide. Tel un avion surpris par la densité du dialogue entre l’air chaud et l’air froid. Les turbulences agitent le confort, défont, l’espace d’un instant, l’inertie. Elles inventent chaos, chocs, entrecroisements, crissements.
Les turbulences créent désordre, tension.
Le monde traverse une zone de turbulences. Ça secoue. C’est inquiétant, troublant, effrayant, paralysant. Ses fêlures s’engorgent d’une putrescence haineuse. Les repères sont jetés bas et les vieux monstres en semblent tout ragaillardis : moralisme, patriotisme, colonialisme, racisme, autoritarisme, capitalisme, sexisme, fleurissent plus que jamais, çà et là.
Les turbulences engendrent rupture, distorsion.
Paradoxalement, ne sont-elles pas aussi des opportunités de faire résistance aux désastres annoncés, aux catastrophes à l’œuvre? Elles pourraient s’avérer un moyen d’endiguer les violences frénétiques infligées au monde. Le nouveau volume de la revue DO-KRE-I-S se propose de côtoyer et d’exalter cette promesse alternative, créatrice et instable du désordre (dezòd). Tumultes, tapages, cris, cacophonies, gribouillages. Les ruptures, ce sont aussi les existences qui se développent, se renouvellent, mutent, subvertissent. Ce sont de nouveaux milieux, de nouvelles voies, de nouvelles paroles, qui y sont promises, qui y sont possibles.
C’est un creuset qui vous est offert ici. Comme jadis la cale du négrier et l’habitation coloniale furent le creuset d’une identité nouvelle, d’une identité plurielle, ouverte, vivante – qu’est le Créole – alors même que le sang versé ensauvageait et coagulait le monde dans une logique excluante, réifiante, mortifère.
Changeons, alors, de perspective. Arrachons-nous au confort d’un pseudo-quotidien, d’une survie – une mort – où les atavismes et les mirages du confort et du conformisme, voudraient nous maintenir, où l’on voudrait nous enfermer. Misons sur l’aventure et le renouveau post- turbulences.
Turbulences et déshabitation du monde. Mise en abyme. Étincelles fugaces. Hurlements. Entre autres, quels regards portons-nous sur les présents et les tendances géopolitiques, (psycho-)sociales, contemporaines concomitantes, concurrentielles ou contradictoires ? Comment imaginer le monde, et aller à l’inverse, à contre-courant des dystopies prophétiques ?
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Illustration : Feux imaginaires, Agnès Djafri